Olifant - Défense sculptée

Cette pièce rarissime, sculptée dans une défense d'éléphant fascinait Calvet. Dans la dissertation recopiée dans le tome VI de ses Œuvres manuscrites, accompagnée d'un dessin très fidèle, il confesse n'avoir "d'abord connu ni son âge, ni le pays ou la destination". Après s'être procuré "les éclaircissements nécessaires", il l'interpréta comme un "cornet médiéval pour la chasse". 

L'olifant, d'une taille considérable, est pourvu dans la partie supérieure de plusieurs anneaux en relief et surmonté au sommet par une figure masculine, chevauchant un minuscule animal dont l'identité ne peut être clairement définie. La disproportion flagrante de taille entre les deux figures obéit sans doute à une volonté délibérée et l'écrasement de sa monture par l'homme peut être interprété comme "une métaphore du pouvoir". 

Dès le XVIème siècle, des objets de cette nature parviennent en Europe. Ces ivoires sculptés étaient en général destinés à l'exportation et leur production, postérieure à la domination portugaise en Afrique, était le fruit d'une collaboration entre sculpteurs indigènes et lusitaniens. Ici, l'emplacement de l'embouchure dans la partie concave de la défense et les parallèles accomplis entre la figure humaine et des sculptures en pierre, créées avant l'arrivée des Portugais, permettent d'attribuer l'olifant à un artiste sapi, un ancien peuple de la Sierra Leone, et sa destination à un usage local.