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Sarcophage de Djed-mout-ious-ankh

Le présent sarcophage constitue, à proprement parler, le cercueil dans lequel se trouvait la momie. Ce cercueil, à son tour, était enfermé dans un sarcophage qui lui était très semblable et dans lequel il s'emboitait. Ce sarcophage extérieur a aujourd'hui disparu. 

Outre qu'il restituait au mort, pour l'éternité, Visage de vivant, le sarcophage constituait une protection tant contre les menaces, matérielles de l'extérieur que contre les dangers plus diffus, qui guettent le mort tout au long de son dernier voyage. Les représentations, à l'extérieur et à l'intérieur de la cuve, visent aussi bien à entourer le mort de personnages protecteurs qu'à le mettre en présence des principales divinités de l'au-delà, indiquant qu'il a franchi victorieusement tous les obstacles et qu'il vit, désormais, dans la compagnie des dieux. Les représentations extérieures offrent deux sens de lecture selon qu'elles se trouvent sur le couvercle ou sur la cuve. Sur le couvercle, elles se lisent plus aisément lorsque le sarcophage est debout, sur la cuve lorsque celui-ci est couché. Les scènes du couvercle évoquent plutôt la destinée céleste du mort, celles de la cuve, Son existence dans I'au delà osirien ; elles opposent donc l'existence diurne et nocturne du mort: couché durant la nuit et debout, pour "'sortir au jour', comme le dit le Livre des Morts, et accompagner le soleil dans sa course.
Comme beaucoup de sarcophages de cette époque, celui-ci est en bois de sycomore. Le sycomore est, en Egypte, un arbre cosmique et personnifie la déesse du ciel, Nout. On voit souvent cette déesse représentée jaillissant des feuillages de l'arbre pour accueillir le défunt et lui offrir la libation de bienvenue. Le sarcophage devient alors une image du ciel qui se referrme sur le défunt et l'enveloppe. Le bois lui-même est enduit, et peint d'une peinture assez épaisse qui met en relief certains motifs sur lesquels on veut attirer l'attention: corps des dieux, symboles solaires, technique qui annonce les incrustations de pâte de verre que l'on trouvera sur les sarcophages et masques de momies plus tardifs. Le couvercle représente la défunte les mains fermées, croisées sur la poitrine. Les deux longues retombées de la perruque sont cernées d'un bandeau à motif floral. Deux ailes, signes de protection, sont étendues de chaque côté du visage, tandis qu'un lotus, symbole de régénérescence, orne le front. Un simulacre peint de grand collier floral couvre tout le devant du corps de ses motifs concentriques. Dans la réalité, de tels colliers étaient composés d'éléments de faïence en forme de fleurettes, de pétales de fleurs ou de perles tubulaires . Deux sangles croisées, imitant le cuir, maintiennent le tout en place. A leur intersection un petit pectoral porte le cartouche du pharaon AMÉNOPHIS I, saint-patron de la nécropole thébaine, sans doute parce qu'il fut le fondateur de la communauté ouvrière qui oeuvra dans la Vallée des Rois. Immédiatement en dessous du collier, deux scènes superposées sont séparées par l'image de Nout, déesse du ciel, aux ailes largement déployées. Au-dessus d'elle, le scarabée du soleil pousse devant lui le disque rayonnant; en dessous d'elle, la barque solaire est élevée par le génie des airs. De part et d'autre, dans chacune des scènes, et de façon symétrique, le dieu soleil est représenté sous l'aspect momiforme d'Osiris. Il s'agit du soleil des morts. Dans le registre supérieur, ce dieu reçoit offrande et est protégé par la déesse du ciel qui tend les ailes vers lui. En dessous, on trouve dans la même attitude, la déesse-cobra, tutélaire de la royauté, lovée sur la corbeille symbole de la souveraineté. Dans tous les cas, ces quatre déesses ont, devant elles, un oiseau à tête humaine qui leur rend hommage. C'est une représentation de l'âme de la défunte. En dessous, quatre colonnes de texte courent sur les pieds du sarcophage. Elles contiennent, chacune, une invocation à une divinité, de gauche à droite: Rê-Horakhty. Anubis, Ptah et Osiris. De part et d'autre de cette inscription, trois registres symétriques représentent, à nouveau, le soleil sous sa forme osirienne. La décoration des flancs externes de la cuve est également classique, mais elle présente au moins un détail inhabituel. Alors que sur les au pied de la cuve, la défunte, en adoration devant la vache Hathor, est bien représentée comme une temme, partout ailleurs, elle porte un costume d'homme et une barbe. Le fait en soi n'est guère explicable, sinon à pen ser que les sarcophages, étant fabriqués en série, se trou vaient déjà en partie préparés au moment de la commande et voyaient leur décoration rapidement complétée lors de celle-ci, en fonction de la personne du défunt. Six petits tableautins se succèdent de la tête auX pieds. A quelques détails près, ils reproduisent les mêmes scènes de chaque côté, celles à main gauche de la momie Couchée étant les mieux préservées et les plus lisibles. Dans les cing premiers, le personnage central est Osiris trônant eprésenté sous différents aspects. Dans la sixième la défunte, agenouillée, fait offrande à Hathor qui l'ac Cueille. La déesse est représentée sortant de la falaise où se trouve la nécropole. Sur cette falaise on aperçoit la chapelle d'une tombe dont le toit, de forme pyramidale, est surnmonté d'un pyramidion . La défunte verse une libation dans une vasque d'où sortent des tiges de papyrus. Ce récipient est propre au culte d'Hathor et veut être une réduction des marais qu'elle hante. 
A l'intérieur, la décoration du fond même du sarcophage a presque entièrement disparu. On distingue encore, à l'emplacement de la tête, un Anubis couché. En dessous, à peine lisibles, les nom et titres de la défunte avec, à droite, un oiseau-âme à tête humaine et, à gauche, ce qui subsiste de la déesse personnifiant l'occident, royaume des morts. Tout en bas, aux pieds, sur la gau che, on peut discerner un génie momiforme à tête de serpent. Ce qui est perdu devait contenir des scènes d'adoration à Osiris ou, peut être, à AMÉNOPHIS Ier, patron de la nécropole thébaine. Les décorations des parois internes ne sont que partiellement conservées. Autour de la tête, l'oiseau-âme à face humaine étend ses ailes protectrices. Sur les deux côtés et sur trois registres superposés, des génies momiformes sont représentés par groupe de trois. La série médiane ne présente plus que le premier personnage. 
Dans la série supérieure, Anubis momiforme précède, à droite, une figure du mort, à gauche, un génie à tête humaine; sur chacun des côtés, la série se termine par un génie à tête de chat. La série inférieure représentait, de part et d'autre, des génies à tête humaine, un génie féminin étant, à chaque fois, encadré par deux génies masculins. 
L'ensemble de ces personnages, outre Anubis, dieu des morts, et le défunt, entend livrer un petit catalogue où se mêlent aussi bien les quatre fils d'Horus, protecteurs des viscères du mort, que quelques unes des formes que prend le dieu soleil dans son voyage nocturne. 
Le registre médian et le registre inférieur sont séparés, de chaque côté, par un Anubis couché tenant, entre ses pattes de devant, le sceptre lotiforme de Néfertoum. L'Anubis de droite est qualifié de ""maître du sarcophage'", celui de gauche de "maître du coffre'" c'est à dire du coffre dans lequel on renfermait les produits nécessaires à la momification.
Les inscriptions du sarcophage, bien que n'étant pas toujours très nettes, nous livrent très brièvement le nom et les qualités de la défunte. Celle-ci, 
nommée DJED-MOUT-HOUS-ÂNKH, était "chanteuse d'Amon et nourrice de Khonsou'" le dieu enfant, fils d'Amon. Elle faisait donc partie du petit clergé féminin de Thèbes et a vécu, si l'on se fonde sur les données stylistiques du sarcophage, vers la fin de la XXIème Dynastie. Son nom et ses titres, très courants et, surtout, l'absence d'indication de son ascendance nous empêchent de I'identifier précisément à un personnage connu de son époque. 

D.M 

Présentation de l'œuvre

Région
Egypte

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

A53

Musée d'accueil
Musée Lapidaire

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Egypte et Provence, 1985