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Sarcophage anthropoïde de Ankh-pa-ir-dis

fin de la XXIIème Dynastie ou à la XXlème Dynastie 

Avant de procéder à l'étude de cette pièce, une remarque s'impose : ce sarcophage, que l'on peut imaginer allongé, était conçu, de par son décor, à figurer debout. Plusieurs indices le démontrent, en particulier le décor des pieds qui reproduit la façade d'une forteresse archaïque à redans d'où le mort semble émerger, et I'absence de scènes sur la cuve. Il s'agit d'un sarcophage interne à deux valves, placées en contact direct avec la momie parée de ses bandelettes, épousant les formes du corps. Une autre enveloppe, de taille plus importante, au décor discret – les nom et titres du défunt , conte nait le sarcophage précédent.

Les scènes et les registres sont séparés les uns des autres à l'aide de bandes multicolores destinées à évoquer des plumes dont nous verrons, plus loin, la signification. On compte, à partir des pieds, sept niveaux qui traduisent des protections ou des étapes marquant la renaissance du défunt. Ainsi, en bas, de part et d'autre d'une femme représentée dans l'attitude de la lamentation - la main portée à la hauteur de la tête , une bande de tissu aux plis du bras, se voient deux yeux-oudjat qui, sont tournés vers le défunt. Placés chacun sur une coupe en albâtre, matériau que l'on reconnaît grâce à une convention de dessinateur, ces deux organes pourraient rappeler les yeux placés à la hauteur du visage, à gauche, des cercueils-coffres de l'Ancien et du Moyen Empire, le sarcophage anthropoïde. Puis ce sont deux petites portes placées de part et d'autre de l'extrémité de quatre colonnes dans lesquelles on lit des formules d'offrandes au profit de la "maîtresse de maison auguste, ÂNKH-PA-IR-DIS , défunte" Coiffant ces quatre colonnes, dans un cadre ménagé à cette fin, se trouve un faucon momiforme couché, tête sommée d'un disque solaire et au cou orné d'un contre poids de collier-ménât, instrument symbolique en relation avec la renaissance. Dans l'angle gauche s'inscrit un oeil-oudjat comme incitation à la renaissance de cette figurine qui n'est autre qu'un faucon-akhem, qui ressemble à l'animal momifié du dieu Sokaris, dont on trouve des figurations en ronde bosse dans le mobilier funéraire.

Les six vignettes qui ornent les flancs de cette inscription représentent des génies funéraires. Les noms donnés par les textes placés devant eux ne coïncident pas toujours avec les figures qu'ils sont censés désigner. Ainsi, en haut et à droite, on a mentionné: "Paroles dites par Amsit pour I'Osiris ANKHPAIR- DIS, défunte", Si Amsit doit figurer traditionnellement à cet endroit à cause de I'homophonie de son nom avec celui du foie (mizet), la figure représentée, portant des lignes funéraires et tenant une plume d'autruche, est Hapi, à tête de cynocéphale. La vignette située juste en dessous est consacrée, de par le texte qui l'accompagne, à Hapi placé habituellement en haut et à gauche et gouvernant le coeur et la rate -, mais c'est une divinité à tête de chien, ici Douamoutef, que l'on a choisi de faire figurer. Même procédé dans l'espace suivant où, à la place de Douamoutef, cité, se tient un génie à tête d'ibis. A droite apparaissent, de haut en bas, Qebehsenouf- le texte pré Cise:"Osiris-Khentymentyou"-, puis, successivement,  deux figures à tête humaine.

Le registre suivant est souligné par une formule d'offrande au profit de la propriétaire mais on a tenu à mentionner: "sa mère, la maîtresse de maison auguste, Y" de même que dans la seconde formule qui surmonte la scène, encadrée, de part et d'autre, par deux colonnes portant des formules d'offrande. La momie, parée du cône de graisse odoriférant dont on a retrouvé des traces jaunâtres sur les lignes couvrant la tête de certains exemplaires, et couchée sur un lit d'apparat sous lequel on aperçoit les quatre vases canopes, occupe le centre de la scène. Deux déesses représentées sous la forme de faucons femelles, la tête coiffée d'un disque solaire lsis et Nephthys - rappellent le mort à la vie en lui prodiguant de l'air avec leurs ailes. Les deux motifs, I'oeil-oudjat et le sceau-chenou, sont révélateurs de I'acte qui se prépare: rendre le corps sain (oudja) et lui communiquer l'étincelle de vie. Un oiseau à tête humaine volant au-dessus de la momie représente le ba du défunt à la recherche de son support, le corps humain signalé par son nom. Derrière le faucon de gauche, on aperçoit un serpent barbu qui, si l'on en croit certaines représentations coiffées du pschent, doit évoquer le dieu Atoum sous son aspect chtonien.

Le registre supérieur représente un épisode capital dans la survie du défunt qui n'est autre que celui décrit au chapitre 125 du Livre des Morts, ce que les égyptologues du siècle dernier nommaient la ""psychostasie". Ayant subi et surmonté l'épreuve de la pesée du cœur, la défunte est conduite auprès du tribunal d'Osiris et de Son Ennéade dont les membres lui servent d'assesseurs, par le dieu Thot. Elle a échappé aux dents de la "Grande dévoreuse'", monstre hybride à tête de crocodile, à avant corps de lion et à arrière-train d'hippopotame. Deux béliers, placés chacun au-dessus d'une enseigne, de part et d'autre d'une représentation de la déesse Nout déployant des ailes et placée sur le signe de l'or, représentent l'animal-attribut d'un dieu solaire, sans doute Amon. 

La défunte, au cou paré d'un grand collier végétal qui rappelle celui que l'on avait coutume de déposer sur la poitrine des morts porte une perruque tripartite bleu et jaune pour la rendre pareille aux dieux dont les cheveux sont de lapis-lazuli. La ligne des cheveux se perçoit sous la coiffure; les détails du visage - yeux, sourcils, oreilles, bouche - ont été marqués à l'aide de peinture sombre. 

La partie dorsale s'orne d'un pilier-djed dont une double série de cobras dressés - rouges et noirs à droite et à gauche, protègent les quatre éléments horizontaux. Deux rubans rouges, noués à mi-hauteur du pilier - l'emblème d'Osiris à Busiris , flottent. 

A l'intérieur, sur les deux valves, à la partie supérieure, on lit une formule d'offrande dédiée à la "maîtresse de maison auguste, ANKH-PA-IR-DIS [..l dont la mère est la maîtresse de maison, Y, défunte". Sous l'inscription, chacune des faces porte, comme le nom placé au-dessus de sa tête l'indique, une représentation de la déesse Nout sur un pavoi. Il s'agit de la voûte céleste divinisée, parèdre de Geb, la terre; elle porte le bandeau caractéristique du vêtement d'époque libyenne et présente des distinctions ethniques des peuplades vivant à l'Est de l'Egypte, au teint clair. Son vêtement, collant à l'image des robes-fourreaux de l'Ancien Empire présente néanmoins le détail curieux des bretelles inversées à la hauteur de épaules. Installés depuis la fin de la XXIème Dynastie en Egypte, les Libyens, concentrés dans la région d'Héracléopolis, adoptèrent les coutumes funéraires égyptiennes. Cependant, le fabricant du sarcophage, exécuta la figure de Nout, déesse du couchant, à la ressemblance d'une Libyenne vêtue à la mode de son pays. 

Plusieurs indices permettent de placer l'exécution de ce cercueil à la fin de la XXIIème Dynastie ou à la XXlème Dynastie : la présence de la scène du jugement des morts, mais aussi l'existence de pièces comparables principalement exécutées pour des commanditaires libyens. 

S.A

Présentation de l'œuvre

Date

fin de la XXIIème Dynastie ou à la XXlème Dynastie 

Lieu

Thèbes (Egypte) 

Caractéristiques

Matières

Bois stuqué et peint 

Cuve : L. 177.2 ; l. max 20.5 cm 49.2; P : 11 cm

Couvercle : L :  111.8 cm ; l maxi : 49.2

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

A 54

Musée d'accueil
Musée Lapidaire
Provenance

Don Lunel à L'institut Calvet en 1827

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Egypte et Provence