Chanteurs ambulants

Jules Adrien Flour nous montre des hommes, des femmes et des enfants de ces villes désertiques. Sa gouache des années 20, Chanteurs ambulants est un très vivant témoignage des bouleversements profonds qui touchent la France : aux adultes en costume traditionnel s’oppose la nouvelle génération, en tablier d'écolier et jambes nues ; à la culture populaire des chanteurs de rue va bientôt se substituer la culture apprise, facteur d'intégration nationale et de progrès social. 

Flour lui-même est, d'une certaine façon, un acteur de cette évolution : né dans un milieu modeste, son talent précoce et la compréhension de ses parents, vont lui permettre d'entrer en 1883 dans I' atelier de Gérôme, puis bénéficier des aides du Conseil général de Vaucluse, de la Ville d'Avignon et du musée Calvet. 

Il deviendra professeur à l'Ecole municipale des Beaux-Arts d'Avignon, dont le directeur Pierre Grivolas formait plus d'un élève destiné à s'illustrer, au moins au niveau local. 

C'est là le lieu d'évoquer le rôle que le musée Calvet a tenu au début du siècle dans la création contemporaine. Le testament de 1810 d'Esprit Calvet stipulait que le Conseil chargé d'administrer sa donation devait attribuer chaque année un prix de dessin à un artiste d'Avignon ou de la région. Cette disposition n'entrainait pas obligatoirement la remise de I'oeuvre au musée mais a pu orienter le Conseil, sous l’influence bénéfique des conservateurs successifs, vers une attitude positive à l’égard des acquisitions en art contemporain. 

C'est ainsi qu'en 1908, Flour vend au musée Calvet La Source de Vaucluse, et qu'en 1911, il concourt pour la composition d'une affiche annonçant le centenaire du musée. C'est maquette qui obtient le premier prix.