Coffre-fort à bahut

Il s'agit d'un coffre-fort en bahut, coffre-fort par la présence d'un bardage qui renforce sa structure et l'existence de trois serrures; bahut par la forme bombée du couvercle et sa mobilité, proche du type décrit par Havard dans l'inventaire de Charlotte de Valentinois (1514) : coffre de bois couvert de cuir fermant à deux clefs où était renfermée la vaisselle d'argent... () 

L'exemplaire que nous étudions paraît rarissime par son décor. En effet, dans les reliures de l'époque, puisque ce meuble est assurément l'œuvre d'un relieur, les motifs de grotesques sont d'une insigne rareté, ne pouvant pas être exécutés aux petits fers habituels, mais uniquement avec de grands fers très onéreux. Une seule reliure à grotesques, ouvrage parisien des années 1570, est conservée à la Bibliothèque nationale.

On connaît peu de meubles comparables hormis le cabinet sur piétement entièrement recouvert de maroquin rouge orné et doré au fer conservé à Ecouen qui peut être daté des années 1630, et le coffret à joyaux du monastère de Benediktburen qui, dans des dimensions plus restreintes et d'une époque postérieure, 1650, reproduit les caractéristiques du coffre Puech.

Une organisation similaire des figures grotesques, non pas disséminées dans l'espace, mais cernées par un cartouche se retrouve sur une broderie de provenance royale, fragment du lít d’Henri II conservée au Victoria and Albert Museum à Londres, travail parisien des années 1560, inspiré d'une gravure de Du Cerceau. 

Dans le bas des vantaux, deux lettres apparaissent M et S qui semblent désigner le destinataire de ce coffre. Au revers, sur un vase à deux anses en bas du motif grotesque, apparaissent les initiales du relieur (ou doreur) auteur de ce décor : au premier registre, les lettres HAE, puis une date difficilement lisible.
 
Ce meuble n'a pas encore révélé tous ses secrets, mais nous avons pu préciser son origine  surement parisienne, son époque 1560/1590, et le fait qu'il fut l'objet d'une commande tout a fait exceptionnelle, peut-être royale. 

Frédéric Challiol