Saint Michel terrassant le dragon

Saint Michel, le chef des milices célestes, brandit son épée flamboyante pour combattre le dragon qui menace la Femme et son Enfant dans le récit de l'Apocalypse (12,7). Le petit monstre à ses pied, déjà entaillé par les coups d'épée, paraît assez peu terrifiant. Bien que l'archange ne soit pas ailé, il ne peut être confondu avec saint Georges puisque le geste de sa main gauche suggère qu'il tenait peut être la balance pour peser les âmes au Jugement dernier, son autre fonction très populaire au Moyen Age. Du reste, son bras droit levé est un motif typique des représentation du saint, illustré en particulier par les gravures du maître E.S. (L. 153, L. 154). La sculpture, évidée au revers, était placée à l'origine dans la caisse d'un retable.Le lourd visage joufflu de l'archange, aux volumes simples et lisses, et le dessin des grands yeux obliques, aux paupières bombées cernées par un sillon bien marqué, évoquent les types physiques juvéniles ou féminins courants dans la sculpture tyrolienne de la fin du XVe siècle, et notamment issus des figures sculptées par Hans Klocher (cité à Brixen de 1478 à 1498) et ses imitateurs. Néanmoins, le traitement du drapé se fait moins durement incisif que chez le maître de Brixen. LEs plis tubulaires aux arêtes arrondies se brisent plus mollement, l'étoffe se plaque contre la jambe droite et le bord du manteau replié sous le bras droit trace une longue courbe. Cette conception semble davantage dériver des modèles proposés par les oeuvres de Michael Pacher (cité à Bruneck à partir de 1467 ; Salzbourg, 1498), comme le retable de Gries (1471-1475) près de Bozen. Les détails de l'armure sont rendus avec la précision habituelle à ce type de saint chevalier et ses formes aiguës confirment la datation de l'oeuvre dans les dernières années du XVe siècle ou les toutes premières du suivant.